Dans un célèbre monastère à Kiev, prières face à une menace d'expulsion jugée "injuste"

Publié le 30/03/2023
AFP

Plusieurs centaines de personnes ont assisté à un office religieux dans un célèbre monastère de Kiev où les moines d'une Eglise orthodoxe liée à Moscou sont confrontés à un avis d'expulsion émis par les autorités et arrivant à échéance mercredi.

Fondé au XIe siècle et classé par l'Unesco au patrimoine mondial, le monastère, qui surplombe les rives du Dniepr, héberge le siège de l'Eglise orthodoxe ukrainienne soumise au patriarcat de Moscou avant l'invasion russe lancée en février 2022.

Cette confession a annoncé en mai la rupture de ses liens avec l'Eglise russe dont le patriarche russe, Kirill a soutenu avec vigueur la guerre contre l'Ukraine. Mais le gouvernement de Kiev estime que cette Eglise reste de facto dépendante de Moscou.

Les autorités ont ordonné aux religieux de quitter mercredi au plus tard le monastère de la Laure des Grottes mais les moines ont jusqu'à présent refusé de partir.

"C'est injuste", a déclaré à l'AFP l'archimandrite Nikon interrogé dans ce vaste complexe connu pour ses splendides dômes dorés, situé dans le centre historique de Kiev.

La situation restait calme sur le site dans la matinée, selon une équipe de l'AFP, mais il n'a pas exclu une éviction plus tard dans la journée: "Tout est possible, le diable ne dort pas".

Plusieurs centaines de fidèles ont assisté à un office religieux, dans une église et à l'extérieur, dans un froid saisissant et sous une neige légère.

Parmi eux, des hommes, quelques enfants et de nombreuses femmes, toutes la tête couverte d'un foulard, sous un bonnet ou la capuche de leur manteau.

"C'est arbitraire. Le gouvernement outrepasse ses pouvoirs. Ce gouvernement sans Dieu nous persécute, nous les orthodoxes", a lancé auprès de l'AFP un des fidèles, Mykolaï, 49 ans.

"Cela finira mal pour le peuple ukrainien", a-t-il poursuivi dénonçant une décision "clairement politique". "Nous le protégerons, c'est notre sanctuaire. Quand on me bat, je garde le silence, (mais) quand c'est mon Eglise, elle doit être défendue", a-t-il martelé.

Le chef du monastère, le métropolite Pavlo, avait appelé la semaine passé les fidèles au "devoir de défendre cet endroit saint".

A l'entrée du site, comme les jours précédents, la police filtrait uniquement les entrées et sorties des véhicules, en demandant aux conducteurs d'ouvrir le coffre. Les fidèles et visiteurs étaient libres d'entrer et sortir.

Le ministère de la Culture avait annoncé à la mi-mars la résiliation du bail qui permettait à cette Eglise de louer gratuitement une partie de la Laure, au motif de "violations (des règles) dans l'utilisation de biens d'Etat".

Mercredi, Grigory Karasine, le président du Comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération, la chambre haute de l'Assemblée russe, a dénoncé "la violation grave du droit de toute personne à la liberté de pensée, de conscience et de religion". Il a accusé les autorités ukrainiennes de "poursuivre une politique constante de discrimination à l'encontre des communautés ethniques et religieuses vivant en Ukraine".