Un tribunal d'Istanbul a condamné mercredi la chanteuse pop turque Gulsen à une peine de 10 mois de prison avec sursis après l'avoir reconnue coupable d' "incitation à la haine et à l'hostilité" à propos d'une blague sur les écoles religieuses de Turquie, a rapporté l'agence de presse d'État du pays. La chanteuse-compositrice avait été brièvement emprisonnée l'année dernière pour avoir fait cette blague lors d'un concert, où elle avait plaisanté sur le fait que la "perversion" de l'un de ses musiciens venait de sa fréquentation d'une école religieuse.

La chanteuse de 46 ans, dont le nom complet est Gulsen Colakoglu, avait été emprisonnée pendant cinq jours et avait ensuite passé 15 jours en résidence surveillée, malgré ses excuses pour toute offense qu'elle aurait pu causer aux diplômés d'écoles religieuses.

Le tribunal l'a condamnée mercredi et l'a initialement condamnée à un an de prison, selon l'agence Anadolu. Le tribunal a ensuite réduit la peine, citant son "attitude respectueuse" pendant le procès. Gulsen sera envoyée en prison si elle récidive dans les cinq prochaines années. Il n'y a eu aucun commentaire immédiat de la part de la chanteuse. Gulsen avait rejeté avec véhémence les accusations selon lesquelles elle aurait cherché à "inciter à la haine", affirmant que son commentaire "était une blague entre deux personnes".

Elle avait déclaré devant le tribunal qu'elle avait taquiné un membre du groupe surnommé "Imam" mais qui n'avait pas fréquenté une école religieuse. Mercredi, l'avocat Ziya Ilker Goktas a réitéré que le commentaire était une blague et a demandé son acquittement en affirmant qu'"il n'y avait pas de crime".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et de nombreux membres de son parti au pouvoir, basé sur l'islam, sont diplômés d'écoles religieuses appelées Imam Hatip, qui ont été créées à l'origine pour former des imams.

Le code pénal turc criminalise l'incitation à la haine et à l'hostilité contre les différents groupes de la société en fonction de leur classe, race, religion ou secte, exigeant une peine de prison dans les cas qui entraînent des menaces contre la sécurité publique.

Gulsen avait été précédemment prise pour cible dans les milieux islamiques en raison de ses tenues de scène révélatrices et pour avoir déployé un drapeau LGBTQ lors d'un concert.